Épisode sur l’hypnose à l’émission Le Pharmachien

J’ai participé en 2016 au tournage d’un épisode portant sur l’hypnose à l’émission le Pharmachien sur la chaine Explora.

On m’y demandait d’hypnotiser Olivier Bernard, dit «le Pharmachien» (un Saint-Bernard?), dans un épisode visant à décrire le phénomène hypnotique. L’objectif était aussi de distinguer l’hypnose clinique et médicale de l’hypnose de foire ou de spectacle.

Faire la lumière sur le phénomène hypnotique

Le Pharmachien, supporté par le professionnalisme de toute son équipe de production, produit des documentaires très recherchés. Il fait preuve d’une grande rigueur. Son approche face à l’hypnose était très cartésienne, déterministe, rigoriste.

Émission le Pharmachien

D’entrée de jeu, il semblait un peu déstabilisé lorsque je lui expliquais que nous sommes tous hypnotisables. Par définition, nous pouvons tous nous mettre en état d’hypovigilance hypnagogique qui correspond à l’état de transe hypnotique.
L’état d’hypnose est un état de conscience semblable à l’état qui précède le sommeil. Ce n’est pas le sommeil, mais un état de «somnolence accompagnée de rêveries».
Du moins, c’est ainsi qu’Hénin de Cuvillers, le concepteur de l’hypnose, définissait cet état dans de sa théorie sur l’imaginaire «phantasiexousique», il y a deux siècles.

Pour plus de détails sur l’origine de l’hypnose, je vous invite à consulter mon livre que vous pouvez lire en suivant ce lien:
Hénin de Cuvillers: Concepteur de l’hypnose: L’origine de l’hypnothérapie moderne

Même si nous sommes tous hypnotisables, certaines personnes se refusent à se laisser aller à la transe. C’est leur droit, c’est leur choix et nous devons le respecter. Pendant l’entrevue, j’ai également ajouté que ce ne sont pas tous les sujets qui répondent bien aux suggestions hypnotiques. Certaines personnes refusent d’entrer en transe, d’autres acceptent d’entrer en transe, mais refusent d’adhérer aux suggestions. Les personnes sous hypnoses restent en tout temps en contrôle, ne deviennent pas amnésiques, ils ne deviennent pas des «zombies». Cela, Olivier l’a bien souligné.

L’extrait de l’émission le Pharmachien

Dans l’extrait en ligne, Olivier fait bien sentir le côté incisif de ses canines. Le sketch de présentation est humoristique et semble inspiré du film L’hypnotiseur ou encore d’Endorphine, le film d’André Turpin. On cherche sans doute ici à mettre en évidence l’exploitation de la veine « mystique » qu’évoque l’hypnose. Depuis les débuts de son histoire, l’hypnose captive l’imagination des foules. Au fil des siècles, on a assisté à la parution de roman comme Dracula, ou de films de répertoire comme «Le Docteur Mabuse» ou «Spellbound», la liste est longue de toutes ces références aux dangers de l’hypnose.

Peut-on hypnotiser une personne en état d’hypnose contre sa volonté? Peut-on la contrôler contre sa volonté? Non.
Mais on peut l’influencer. L’état d’hypnose est un état de conscience bien spécial et de se laisser induire dans cet état par une autre personne implique une relation de confiance et cette confiance peut ouvrir des portes aux manipulateurs.
La leçon à retenir de toutes ces interventions médiatiques au sujet des dangers potentiels de l’hypnose est simple.

On ne doit pas faire confiance à n’importe qui.

Si vous acceptez de vous «faire hypnotiser», c’est que vous acceptez d’entrer en relation de confiance.

Avant de rencontrer un praticien de l’hypnose, posez-vous cette question : «Est-ce que vous acceptez d’entrer dans cette relation avec cette personne qui vous hypnotise?»

Un crime dans la tête

L’excellent film «The Manchurian Candidate» (v.f. Un crime dans la tête) avec Frank Sinatra et réalisé de main de maitre par John Frankenheimer évoque bien les dangers potentiels de l’hypnose. Dans ce thriller politique, adapté du roman éponyme, on démontre comment l’hypnose peut être dangereuse si elle est employée sur une personne vulnérable présentant, par exemple, des troubles psychotiques occasionnant des pertes de contacts avec la réalité, et surtout si cette «programmation» par hypnose a pour but de vous manipuler. Le script hypnotique peut alors fusionner avec les délires de la personne et les renforcer.
C’est pourquoi on recommande de n’utiliser les services d’hypnothérapie qu’avec des professionnels de la santé qui doivent respecter un code de déontologie. C’est d’ailleurs le constat et la recommandation principale que fait Olivier Bernard dans son documentaire.

Mon intervention dans l’émission

Après avoir donné mes explications sur l’hypnose, on me demandait d’administrer une échelle de suggestibilité hypnotique.

Par contrainte de temps, j’ai opté pour une version courte de Hilgard et Weitzenhoffer.

Il s’agit d’une échelle réduite (Forme « R »), dérivée des échelles «A» et «C».

Vous observerez que pendant la passation de cette échelle,

je prends des notes sur la réaction de mes sujets Monsieur O. et Monsieur K., qui ont acceptés de se porter volontaire.

Les deux sujets ont bien répondu à la phase d’induction de l’hypnose. Ils ont fermé les yeux spontanément, leur rythme respiratoire s’est ralenti très rapidement. Ils étaient parfaitement immobiles dans un état d’écoute et de grande concentration.

Comme on peut le voir dans le schéma suivant qui est souvent utilisé dans mes conférences, une fois qu’on a induit la transe hypnotique, on peut passer facilement à l’étape des suggestions.

suggestion hypnose

Hallucinations hypnotiques

Une fois la phase d’induction bien implantée, on procède à l’étape des suggestions. L’échelle de suggestibilité hypnotique se compose de différentes suggestions hypnotiques et vise justement à évaluer la capacité des sujets à répondre à ces suggestions. On cote les sujets en fonction de leurs réponses ou de leurs réactions à ses suggestions. Dans la première suggestion on demande au sujet de coller les deux mains : «Plus vous pensez à cette force qui tire vos mains l’une vers l’autre… et plus elles vont se rapprocher… d’abord lentement… puis de plus en plus vite… Elles vont se rapprocher de plus en plus… de plus en plus près l’une de l’autre… comme si une force les y obligeait.»

Puis, j’ai demandé aux sujets d’essayer de décoller leurs mains. Ce que j’ai observé, c’est que les sujets n’arrivaient pas si facilement à les décoller. Comme les sujets étaient en état d’inhibition motrice, ce ne fut pas évident pour 2 secondes, puis le cortex pariétal a envoyé un signal moteur…

Ce fut sensiblement la même réaction observée pour l’inhibition verbale.

Pendant deux secondes aucun son ne sortait, puis on a entendu les sujets marmonner leur prénom d’une voix rauque.

 

On voyait bien dans ces exercices que l’hypnose ne permet pas de contrôler une personne, elle ouvre la porte des perceptions, elle permet de bien se focaliser, elle permet de nous détendre et d’apaiser notre anxiété, elle libère notre créativité, mais elle ne nous prive pas de notre libre arbitre et des choix de notre conscience.

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