Congrès de l’institut Émergences: hypnose et douleur à Saint-Malo
Les techniques d’hypnose médicale sont des outils efficaces utilisées par les psychologues dans le traitement et la gestion de la douleur.
Des professionnels de la santé ont présenté une gamme de techniques accessibles au Congrès Hypnose et Douleur de Saint-Malo. J’ai eu l’occasion d’y animer un atelier sur la perspective historique de l’hypnose en parlant de son «concepteur initial» Etienne-Félix d’Hénin de Cuvillers.
Des techniques validées scientifiquement par les chercheurs
Organisé par l’Institut Émergence, voué à la formation et à la recherche en hypnose, ce congrès réunit chaque année des centaines de médecins généralistes ou spécialistes comme les rhumatologues, les allergologues, mais également des psychologues, des infirmiers et infirmières, des physiothérapeutes, des ergothérapeutes, etc…
Tous ces spécialistes intègrent régulièrement, de plus en plus, jour après jour, de mieux en mieux (voir Émile Coué), les techniques d’hypnose dans leurs plans de soins.
Ce congrès est une occasion pour eux de partager, de communiquer, de mieux se former et de valider leur pratique en tenant compte des dernières recherches scientifiques. L’affluence à ce congrès annuel découle directement de cet intérêt grandissant envers l’hypnose, de l’humanisme de cette méthode et de son authenticité.
En effet, les techniques d’hypnose clinique ne visent pas essentiellement à soigner des symptômes ou des maladies. Elles permettent un «recadrage», un «repositionnement» face aux perceptions de souffrance. Ce n’est pas un recul soumis à la peur, mais un travail de «posture» et de recadrage qui permet aux personnes «malades» de rafraîchir le cadre perceptuel de leurs «souffrances», et surtout de développer leur compétence à l’hypnose.
Qui a « inventé » l’hypnose?
Ce concept fut créé par Étienne-Félix d’Hénin de Cuvillers, un Chevalier, Baron de l’Empire, membre du corps des Dragons sous Louis XVI, puis sous Napoléon, un diplomate érudit, un éditeur, un conteur, un écrivain, un explorateur et un aventurier.
Ce grand personnage vécu pendant presque tout le siècle des lumières, comme en témoigne sa réflexion des grands bouleversements de l’humanité et l’interprétation privilégié qu’il nous livre des jalons historiques dont il fut acteur.
Pour Cuvillers, l’hypnose est un état de conscience qui s’explique par la psychologie et la physiologie. Il s’agit d’un état induit par l’imagination et des conditions physiologiques précises.
Pour lui, l’idée d’un magnétisme animal, est une hérésie à la raison. C’est en grand diplomate qui se distingue donc du Marquis de Puységur.
En effet, contrairement au Marquis, Monsieur le Baron d’Hénin de Cuvillers préfère croire à des concepts rationnels, basées « sur l’expérience que l’on peut reproduire et répliquer ».
Sa méthodologie est empirique, dans le sens classique ou Aristote développait ses raisonnements.
Comment définir l’hypnose médicale?
L’hypnose est un état de conscience qui pourrait se résumer à un état d’hypovigilance.
Mais lorsque l’on parle d’hypnose clinique ou thérapeutique, on y associe inclusivement le binôme relationnel de la prise en charge médicale: un «malade» et un «soignant».
C’est dans cette relation, que l’hypnose clinique prend son sens dans le traitement de la soufrance.
Lorsque nous nous endormons, lorsque nous méditons, lorsque nous pratiquons un culte de prière, nous sommes seuls.
L’hypnose thérapeutique se vit dans un contexte Soignant – Soigné. L’hypnose implique également que l’on soit guidé pour «approfondir» notre état de transe. Et, en hypnose clinique, ce guide doit s’appuyer sur des principes rationnel et scientifique.
À l’étape d’induction, on adopte une posture «psychologique et physiologique» qui permet l’émergence de l’état hypnotique et son approfondissement. À cette étape on cherche à enclencher une réponse réflexe du système nerveux autonome parasympathique.
On commence par l’immobilité, puis viennent la sensation de chaleur et l’engourdissement, la respiration lente et profonde et les yeux se ferment. Des techniques d’approfondissement pourront être utilisées.
Une fois la transe enclenchée, il y a une baisse du rideau cognitif, un état d’hypovigilance qui permet un relâchement des compulsions, un « découplage » des processus analytiques de détection des problèmes (Voir Tobias Egner).
L’hypnothérapeutique consiste justement à exploiter cette ouverture, cette baisse de la garde pour actualiser l’acceptation de suggestions positives et constructives pour le bien de la personne soignée.
C’est à cette étape que le patient accepte d’accepter, dans une posture de choix libératrice, il n’est plus une victime mais une personne qui s’accepte, qui accepte la vie et qui vit cette acceptation avec espoir et dignité.
Hypnose et douleur
Pour «apprivoiser» la douleur, on utilisera donc l’induction, la transe elle-même et les suggestions aidantes, souvent «cryptées» sous formes de métaphores.
En modifiant le cadre des perceptions de douleurs, on change les perceptions elle-même. On évacue la douleur en recentrant le cadre sur les perceptions positives comme le soulagement, le confort, le calme, le bien-être et l’apaisement.
Par exemple, on peut évacuer les douleurs associées à la migraine en imaginant des nuages de couleurs apaisantes qui se charge de la douleur pour la recycler dans l’océan.
Pour beaucoup, l’idée même de la fraîcheur de l’air marin calme et apaise. C’est surement ce que les congressistes apprécient de Saint-Malo!
En pratique, l’effet bénéfique de l’état d’hypnose peut se faire sentir et atténuer une vaste gamme de symptômes douloureux. Ne serait-ce qu’en atténuant l’anxiété et l’angoisse que peut provoquer cette douleur!
Comme mentionné plus haut, l’hypnose à l’avantage d’intervenir sur le plan émotionnel et pas seulement au plan psychologique. En stratège militaire, comme l’était Hénin de Cuvillers, elle intervient donc sur les deux fronts!