Aux origines biologiques et culturelles de l’hypnose clinique – De la domestication du feu à la régulation émotionnelle
Cet essai publié en 2025, est disponible sur Amazon et sur Google books. Il propose une exploration inédite des origines biologiques et culturelles de l’hypnose clinique, en retraçant son émergence dans le fil de l’évolution humaine. À partir d’une hypothèse audacieuse — celle selon laquelle la domestication du feu aurait provoqué une rupture fondamentale entre l’humain et son environnement naturel — l’auteur analyse les conséquences psychiques de cette fracture : dérèglement des rythmes biologiques, suractivation du système nerveux, naissance de l’anxiété et du besoin de contrôle.
Loin d’être une invention moderne, l’hypnose est ici envisagée comme l’héritière contemporaine de pratiques ancestrales de régulation émotionnelle. Rituels de transe, méditation, chants, visualisations ou respiration rythmée : toutes ces techniques activent le système parasympathique et restaurent un équilibre intérieur, essentiel à la santé mentale. L’ouvrage met en lumière l’importance de ces pratiques dans toutes les grandes civilisations et souligne leur actualité face à la surcharge cognitive et au stress contemporain.
À la croisée de l’anthropologie, de la neurobiologie, de la psychologie et de la philosophie, ce livre propose une écopsychologie de la régulation : une voie pour réconcilier culture et biologie, accélération et ralentissement, pouvoir technique et sagesse corporelle. Une contribution originale à la compréhension profonde du soin psychique.
Un article de Dr R. Côté, Psychologue à Montréal
Présentation de la première partie : La domestication du feu – Genèse d’une fracture psychique
La première partie de l’ouvrage explore l’impact décisif de la domestication du feu sur l’évolution humaine, en tant que point de bascule entre la régulation instinctive propre aux primates et l’émergence d’une conscience réflexive, source de fragilité psychique. Avant le feu, les hominidés vivaient en harmonie avec les rythmes naturels, guidés par l’alternance jour-nuit, la régulation circadienne et les mécanismes biologiques de l’adaptation. L’introduction du feu bouleverse ce rapport au monde : elle prolonge artificiellement la veille, accentue la vigilance nocturne et désynchronise les horloges biologiques. Mais au-delà des effets physiologiques, cette maîtrise du feu ouvre la voie à une explosion culturelle : développement de l’abstraction, élaboration des récits, intensification des rapports sociaux, sentiment de puissance… et de vulnérabilité.

Avec la complexification cognitive naît également un excès de conscience, un mal-être nouveau, fait d’anxiété, de contrôle et de surcharge mentale.
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Cette première partie établit ainsi l’hypothèse d’une fracture fondatrice : la culture humaine, en s’émancipant de la nature par le biais du feu, crée simultanément un besoin de régulation intérieure. C’est dans cette faille que prend racine la nécessité des pratiques psychothérapeutiques, de l’hypnose et des formes ancestrales de rééquilibrage émotionnel.
Côté, R. (2025). From Domestication of Fire to Clinical Hypnosis: History of a Mind-Body Adaptation. Hypnose-clinique.ca ISBN-13: 979-8283505480
Présentation de la deuxième partie : La réponse culturelle universelle : hypnose, méditation, transe
La deuxième partie du livre met en lumière l’émergence, dans toutes les civilisations, de pratiques visant à répondre à la fracture psychique provoquée par l’évolution culturelle accélérée. Dès les sociétés anciennes, l’humanité a inventé des formes rituelles de retour à l’équilibre : états modifiés de conscience, transes collectives, méditations silencieuses ou cérémonies guidées par des chants, des souffles et des récits symboliques.
L’hypnose clinique contemporaine s’inscrit dans cet héritage plurimillénaire. Elle constitue une version sécularisée, structurée et scientifiquement validée de ces traditions, mobilisant l’imaginaire, la respiration, le mouvement corporel et l’attention dirigée pour activer le système parasympathique. Ce dernier, garant de l’apaisement neurophysiologique, permet une réduction des tensions internes, une restauration du lien corps-esprit et une meilleure régulation émotionnelle.
Cette partie développe également le rôle du corps dans ces processus de rééquilibrage, soulignant combien les mécanismes d’apaisement passent par des sensations concrètes : relâchement musculaire, ralentissement du souffle, perceptions de chaleur ou de picotements apaisants. En reliant ces pratiques modernes à une archéologie de la régulation émotionnelle, cette section montre que l’humanité n’a jamais cessé de chercher, à travers le langage, le corps et la conscience, des voies d’apaisement face à l’angoisse générée par sa propre complexité.
Présentation de la troisième partie - Physiologie de l’apaisement: comprendre, activer, intégrer
La troisième partie de l’ouvrage explore les fondements neurophysiologiques de la régulation émotionnelle et met en évidence les mécanismes corporels par lesquels l’hypnose et la psychothérapie contemporaine contribuent à restaurer l’équilibre mental. En s’appuyant sur les avancées des neurosciences affectives, cette section met en lumière le rôle central du système nerveux autonome, et plus particulièrement de la polarité entre le système sympathique (mobilisation, stress) et le système parasympathique (repos, récupération, sécurité).
Comprendre cette dynamique permet de mieux saisir pourquoi les états de conscience modifiés – tels que ceux induits par l’hypnose – agissent comme de puissants catalyseurs d’apaisement.
L’activation volontaire du système parasympathique, par le biais de la respiration profonde, de la relaxation musculaire ciblée (notamment au niveau du diaphragme), et de la focalisation attentionnelle, entraîne une cascade de réactions bénéfiques : ralentissement du rythme cardiaque, cohérence cardiaque, réduction de la production de cortisol, sensations de chaleur ou de picotements agréables liées à la vasodilatation périphérique.
Cette partie souligne aussi l’importance de l’apprentissage, du conditionnement positif, et de la suggestion dans l’amplification des effets thérapeutiques. Elle propose enfin une vision intégrée où l’esprit et le corps, à travers des pratiques d’attention et de présence, collaborent activement à la reconstruction d’une écologie intérieure stable, capable de faire face aux exigences du monde contemporain.
De la fracture à la réconciliation : vers une écologie de la conscience
Les conclusions de mon essai offrent une synthèse des idées fondamentales développées tout au long de l’ouvrage, en retraçant le fil conducteur qui relie l’évolution humaine, la rupture entre nature et culture initiée par la domestication du feu, et l’émergence des pratiques de régulation émotionnelle comme l’hypnose. Elles insistent sur le paradoxe fondateur de l’espèce humaine : dotée d’une puissance technologique croissante, l’humanité a simultanément vu s’accroître sa vulnérabilité psychique, en s’éloignant progressivement des régulations instinctives qui guidaient autrefois sa relation au monde.
L’hypnose clinique, tout comme certaines formes de psychothérapie, apparaît alors comme une réponse contemporaine à cette fracture ancienne. Non plus seulement un outil de soin, elle est pensée ici comme une pédagogie de l’apaisement, une technologie intérieure qui permet de rétablir l’équilibre émotionnel mis à mal par l’hyperstimulation cognitive, la surcharge sociale et l’accélération culturelle. En réactivant les circuits parasympathiques de la sécurité et de la lenteur, elle participe d’une écologie de la conscience, visant à réconcilier l’humain avec lui-même, avec son corps, et avec un rythme de vie plus soutenable.
L’essai se conclut ainsi par un appel à penser la psychothérapie et l’hypnose comme les expressions modernes d’une sagesse archaïque, devenue aujourd’hui indispensable pour soigner les effets secondaires de notre propre évolution.
Réparer l’humain : l’hypnose comme sagesse d’équilibre
Réguler pour survivre : soigner les héritages de l’évolution
À mesure que l’évolution humaine a pris la voie de la complexité technique, sociale et symbolique, elle a aussi creusé en nous un écart grandissant entre nos structures biologiques ancestrales et les contraintes du monde que nous avons façonné. La domestication du feu fut le premier seuil, marquant une rupture avec le rythme naturel qui avait régulé la vie des primates pendant des millions d’années. Cette rupture a permis l’émergence d’un nouveau type de conscience : réflexive, narrative, capable d’anticipation, mais aussi d’inquiétude. Depuis, chaque saut évolutif culturel – l’écriture, l’agriculture, l’urbanisation, l’informatisation – a prolongé cet écart, jusqu’à engendrer un stress adaptatif chronique qui affecte profondément notre équilibre psychophysiologique.
Ce que nous appelons aujourd’hui stress, troubles anxieux, dépression ou burn-out ne sont pas des dysfonctionnements isolés du système humain ; ce sont les conséquences différées d’une accélération évolutive que notre biologie n’a pas encore entièrement intégrée. Nous avons hérité d’un système nerveux façonné pour la vigilance dans la savane, non pour la surcharge cognitive d’un environnement numérique. Notre cerveau reste hypersensible à la menace, orienté vers la survie immédiate, alors même que les menaces modernes sont souvent abstraites, différées ou symboliques. Ce décalage crée un terrain fertile pour l’angoisse et l’instabilité émotionnelle.
Face à cet héritage, la psychothérapie et l’hypnose clinique n’agissent pas uniquement comme des traitements ponctuels.
Elles incarnent des formes de soin adaptatif, des réponses évolutives secondaires, mobilisant des ressources ancestrales de régulation émotionnelle que nos cultures ont partiellement conservées sous forme de rituels, de récits, de respirations guidées et de visualisations.
Ces pratiques réactivent le système parasympathique, rétablissent une homéostasie perdue et nous réinscrivent dans un rythme plus lent, plus proche de celui pour lequel notre organisme est initialement calibré.
Réguler aujourd’hui ne relève plus seulement du confort personnel, mais d’un impératif évolutif. C’est un enjeu de santé publique, mais aussi de civilisation. Car sans cette capacité à ralentir, à écouter les signaux du corps, à remettre en cohérence nos pensées et nos émotions, nous risquons de perpétuer un malentendu fondamental : croire que la puissance technologique peut à elle seule suffire à définir le progrès humain.
Réapprendre à réguler, c’est donc soigner un héritage silencieux : celui de l’excès de conscience, du feu intérieur devenu inextinguible. C’est restaurer en nous une sagesse corporelle et émotionnelle, capable de faire le lien entre notre nature biologique et notre condition culturelle. C’est, en somme, réconcilier les forces divergentes de notre évolution pour retrouver une forme de santé intégrative, à la fois archaïque et contemporaine.
Le feu, matrice de la conscience moderne : genèse d’un être vulnérable
L’hypothèse fondamentale de cet essai repose sur une intuition anthropologique et psychobiologique forte : la domestication du feu constitue l’acte technologique originaire qui a radicalement transformé la manière dont l’humain perçoit le monde, se perçoit lui-même, et vit sa propre conscience. Plus que l’agriculture, plus que l’écriture ou la métallurgie, c’est l’invention du feu maîtrisé – lumière arrachée à la nuit, chaleur extirpée de la matière – qui a initié un basculement de paradigme aux conséquences psychiques et culturelles irréversibles.
Avant le feu, la conscience était immergée dans le rythme naturel, gouvernée par les cycles solaires, les instincts et les régulations spontanées du système nerveux autonome. Le corps et l’environnement formaient une continuité adaptative : le froid dictait l’activité, l’obscurité imposait le repos, la faim régulait le mouvement. Le feu, en bouleversant cette écologie instinctive, a permis à l’être humain de s’extraire du cycle naturel – mais au prix d’une fracture. Il a prolongé la veille, suscité de nouvelles formes de communication symbolique, multiplié les représentations mentales, favorisé la mémoire narrative et l’anticipation, et par là même, amplifié les affects secondaires : anxiété, peur du futur, rumination, sentiment de vide.
Ce saut technologique, unique dans l’histoire du vivant, a créé les conditions d’un déséquilibre fondamental : l’humain est devenu un animal conscient de lui-même, mais désynchronisé. Son cerveau, stimulé par le feu et ses effets culturels – langage, rites, récit, pouvoir –, a dû gérer une surcharge cognitive et émotionnelle inédite. L’organisme biologique, lui, est resté en grande partie adapté à la régulation instinctive. Ce décalage, ce retard biologique face à l’accélération culturelle, a progressivement fait de l’humain un être vulnérable, hanté par le besoin de se réguler autrement.
C’est ici qu’émerge l’idée décisive : l’humain moderne ne peut survivre psychiquement sans technologies culturelles de la régulation. Il doit apprendre à gérer ce que le feu a libéré en lui : l’excès de conscience, l’excès de durée, l’excès de soi. L’hypnose, la méditation, la psychothérapie, mais aussi les récits, les chants, les danses, les rituels chamaniques ou religieux, tous ces dispositifs sont les versions historiques et contemporaines d’une même nécessité : compenser par des pratiques symboliques et corporelles une instabilité émotionnelle née d’un feu trop bien apprivoisé.
Le feu n’a pas seulement modifié la nature extérieure ; il a enflammé l’intérieur. Il a enclenché une spirale où l’être humain, pour survivre, doit sans cesse inventer de nouvelles formes de sécurité psychique. L’hypnose clinique en est aujourd’hui l’un des aboutissements scientifiques : une technique douce et consciente pour revenir au corps, ralentir le mental, activer volontairement ce que jadis la nature régulait spontanément.
Ainsi, comprendre l’histoire de la conscience humaine, c’est retracer l’histoire du feu – non seulement comme outil de cuisson ou de protection, mais comme premier miroir symbolique, comme lumière intérieure. Et comprendre nos troubles contemporains, c’est reconnaître que ce feu, toujours là, exige aujourd’hui plus que jamais des réponses régulatrices à sa propre puissance. Nous sommes les enfants d’une fracture ardente, et la psychothérapie en est l’art de la cicatriser.