Harmoniques et consonnants en hypnose musicale
La musique, son histoire et son développement renvoient à des concepts philosophiques, physiques, mathématiques et psychologiques. L'hypnose musicale intègre ces concepts dans une approche de soins.
- Quels rapprochements peut-on faire avec l’hypnose?
- Comment l’hypnose musicale se rapproche de la musicothérapie?
Les déterminants de l’hypnose musicale renvoient à la décomposition des sons fondamentaux en leurs multiples consonants harmoniques.
Les impacts psychologiques de la musique
Le philosophe et musicien Pythagore serait à l’origine de la première « échelle » musicale. Par son analyse rationnelle, l’auteur du célèbre théorème éponyme nous offrait une représentation géométrique de la musique. Sa modélisation triangulaire des processus d’audition des sons musicaux fut validée et optimisée au cours des siècles.
Encore aujourd’hui, ses théories musicales nous aident à comprendre les lois fondamentales qui expliquent l’ampleur de l’impact de la musique sur nos consciences perceptuelles.
La science cherche encore à décrypter tous les mystères de la musique. Des questions restent en suspens :
- Pourquoi certaines notes, jouées simultanément, créent une impression harmonieuse?
- Pourquoi certaines séquences de notes nous semblent plus mélodieuses que d’autres?
- Pourquoi certains airs transcendants nous transportent, alors que d’autres nous indiffèrent?
Des explications physiologiques et psychologiques
Grâce aux connaissances acoustiques modernes, on sait qu’un son se compose d’harmoniques, c’est-à-dire de fractions (multiples) de cette onde qui s’additionnent entre elles. Il est plausible de supposer que c’est la «décomposition» d’une fréquence fondamentale dans ses fréquences multiples qui rend les « arpèges » si mélodieux à notre oreille.
Sur le plan physiologique, on sait aussi que notre organe capteur de sons, l’oreille, se compose d’un récepteur en forme de colimaçon, la cochlée. Ce «coquillage» se compose de canalicules enroulés en spirale. Son intérieur est recouvert d’une membrane réceptive «connectée» au cerveau, la membrane basilaire.
L’organe perceptuel détermine la nature des perceptions
L’échelle musicale, basée sur une géométrie euclidienne, prend tout son sens quand on connait la nature angulaire de la cochlée (oreille interne), principale organe de l’audition. Il ne faut pas s’étonner de constater que les sons se décomposent en fractions dans une logique triangulaire .
Ce spiraloïde agit comme une caisse de résonance conique, permettant une spécialisation topique du traitement des fréquences. Les sons graves font osciller des cellules ciliées fixées à la section large de la tubulaire et les sons aigus stimulent celles des sections plus étroites.
La production de sons de même fréquence, à différentes amplitudes produira des consonances. On peut le constater dans la vidéo suivante d’un modèle de la membrane basilaire de la cochlée.
Sur le plan psychologique, la perception synergique d’une consonante et de ses harmoniques musicales produira un effet agréable associé à un calme plaisant. Au contraire, une dissonance produira un sentiment de tension et d’instabilité, qu’on associe généralement à la disharmonie.
Cette réaction psychologique aux consonantes et dissonantes musicales serait non apprise et a-culturelle.
Par exemple, on utilise généralement des dissonantes et dysharmoniques comme bruit de système d’alarme ou de sirène d’urgence.
Ces sons stridents au naturel alarmants éveillent notre attention vers un danger imminent.
Les cris de bébé qui ont faim et qui appellent leur mère ou les rapaces qui hurlent en survolant leur territoire de chasse pour faire «lever» le gibier sont d’autres bons exemples de l’utilisation des dysharmoniques par les animaux.
Des dératiseurs sonores commerciaux sont utilisés pour éloigner les vermines.
Dans ce document vidéo,on constate comment ces sons stridents, grinçants et perçants ont même un impact physique sur la matière que les sons plus doux et harmonieux n’ont pas.
Les harmoniques chez les mammifères
Les mammifères utilisent les cris harmoniques pour se coordonner entre eux. Par exemple, les loups utilisent les hurlements comme un «appel social» pour indiquer leur position.
Les harmoniques sont utilisées pour confirmer leur appartenance à une meute particulière ou coordonner une attaque. Pour s’en convaincre, on peut écouter les hurlements de loups chantant en cœur sous la direction «harmonique» de leur leader «Alpha».
On peut aussi écouter le chant des baleines qui festoient gaiement dans les bancs de zooplanctons ou de poissons.
Par exemple, des éthologistes et zoologistes étudient comment les baleines à bosse peuvent utiliser les harmoniques pour chorégraphier une chasse aux harengs, un peu comme les chasseurs à cour qui utilisent le cor.
Les instruments musicaux producteurs d’harmoniques depuis la préhistoire
Pour le plaisir de la plupart des auditeurs, les consonants et harmoniques sont jugés chaleureux, calmant, rassurant. Les plus anciens instruments de musiques comme les flûtes se retrouvent dans la plupart des traditions culturelles dont l’origine historique remonte à l’antiquité.
Cette origine ancienne remonte même à la préhistoire. On retrouve des traces archéologiques des plus anciennes flûtes qui remontent à 35 milles ans.
L’attrait continue qu’exerces ces instruments pendant des millénaires peut s’expliquer par leur effet calmant, apaisant et relaxant.
Par exemple, on retrouve des écrits coréens vieux de plus de deux milles ans concernant un de ces instruments, le daegeum. On le désignait comme l’instrument pouvant «calmer toutes les vagues du monde»
et on le considérait comme «l’instrument de la musique des dieux».
D’autres traditions nous apportent des variantes du daegeum. Par exemple, le shakuhachi, une flûte de bambou japonaise ou le duduk, flûte traditionnelle arménienne. L’écoute de pièces traditionnelles jouées à l’aide de ces instruments à toujours un effet très apaisant, inspire la paix d’esprit, la méditation et les meilleurs moments de détente.
Une explication plausible, serait que ces notes successives se retrouvent dans leur base, un peu comme lorsqu’on joue des arpèges. Le fait de retrouver le tout dans les composantes nous amène à vivre un sentiment de complétude, semblable à l’état de conscience qu’est la trance hypnotique. Une expérience où rien ne manque, où aucun désir ne vient troubler notre quiétude.
L’expérience esthétique
Le dénominateur commun de ces expériences d’esthétique résiderait dans l’utilisation harmonieuse des structures musicales. La pratique traditionnelle de ces instruments permet une ouverture à une interprétation de nature « émouvante » souvent empreinte d’une aura mystérieuse.
Pour les critiques musicaux de l’époque, cette musique des dieux semblait s’agencer parfaitement au sens auditif comme pour s’adresser directement à notre âme. (Brulé, P., & Vendries, C. (Eds.) 2001. Chanter les dieux : Musique et religion dans l’Antiquité grecque et romaine. Rennes : Presses universitaires de Rennes.) (http://books.openedition.org/pur/23685)
Cette mystique musicale respecterait la «Gestalt» fonctionnelle de l’organe perceptuel spiraloïde. Les fréquences consonantes seraient associées au plaisir calme et apaisant de la concorde et de l’harmonie. Par exemple, si notre organe de l’audition n’était qu’un simple capteur de vibration semblable à celui des sauterelles, nous ne pourrions réagir avec autant de plaisir aux harmoniques.
La somme des parties excède le tout
De retrouver le tout dans les éléments évoque un sentiment de complétude et d’accomplissement. Les sons consonants, plus doux à l’oreille, sont également plus facile à produire, plus naturel, plus répétitifs. Les harmoniques, décomposant les sons en fraction, viennent rétablir l’unité, apaiser et nous satisfaire, comme lorsqu’on complète un «puzzle», ou lorsqu’on résout une énigme.
Tous les éléments s’emboîtent parfaitement pour former un système harmonieux.
Consonants et harmoniques en médecine et en musicothérapie
Beaucoup de praticiens, médecins, psychologues, musicothérapeutes ou hypnothérapeutes intègrent, dans un esprit de «mixité thérapeutique», les harmoniques musicaux dans leurs traitements.
Le rhumatologue Stéphane OTTIN PECCHIO se spécialise dans l’utilisation de l’hypnose musicale pour aider ses patients à mieux gérer le stress et la douleur. Ce médecin formé à l’acupuncture, approche traditionnelle chinoise du toucher thérapeutique, s’avère également être un pianiste de talent. Son travail fut reconnu par le prix Watzlawick, lors du 7ème Forum Internationale de l’Hypnose et des Thérapies brèves.
On peut le voir à l’œuvre avec certains patients dans cet excellent documentaire vidéo
Le Docteur Stéphane Ottin Pecchio
On peut lire plusieurs écrits du Rhumatologue français sur son blogue.
Dans ses articles captivants, le Dr Ottin Pecchio nous résume quelques une de ses conférences dont «HYPNOSE MUSICALE : DE BACH À DEBUSSY». Ses explications très documentées aident à comprendre les mécanismes par lesquels il soigne ses patients.
Il nous expliquera, par exemple, comment il utilise les harmoniques dans le traitement de la douleur du dos «en ut majeur» ou de quel air musical il «accompagne» ses séances d’hypnose.
Dans son article «THÉRAPIE, TOUCHER & PIANO», j’ai lu avec intérêt comment il en est venu à associer le jeu du piano à sa pratique de la «massopuncture» et comment, en tant que rhumatologue, il peut l’intégrer à ses séances de thérapie manuelle.
Enfin, je recommande à tout praticiens et à toutes les personnes intéressées par cette approche, à se procurer son enregistrement sur disque compact (CD), «Hypnose musicale».